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les docks dans l'extension de son réseau de fibres optiques. L'écossais Atlantic intégrera cet été,
toujours sur les docks, une plate-forme de 1 400 mètres carrés, qui devrait employer dans les trois ans
une centaine de personnes. «Nous voulons faire Marseille notre principal pôle d'accés Internet en
France à l'intention des PME-PMI», assure Luc Terral, le directeur général France. «Ces
opérateurs ont compris que s'implanter en régions leur coûte deux fois moins cher que de s'installer à
Paris, sans que leur qualité de services en soit diminuée», explique François Jalinot, directeur
du developpement et de la commercialisation de l'Epeam.
Trois projets chez les opérateurs, 550 emplois.
Actuellement, trois hôtels de télécommunications se construi- sent sur d'anciennes friches à Marseille,
dont deux sur Euro-méditerrannée. Ces centres hébergeront les équipements de plusieurs opérateurs sur des
plateaux immenses. Markley Stearns Partners (17 000 mètres carrés), LD Com (26 000 mètres carrés) et Morgan
Stanley Dean Witter (39 000 métres carrés) investissent au total prés de 3 milliards de francs et attirent
de nouveaux opérateurs: Global Crossing, Viatel, Ty.com, Carrier One, Telia… Les trois projets
devraient déboucher sur la création de 550 emplois. Au-delà des créations directes, les investissements
des opérateurs de télécom- munications mobilisent un grand nombre de sous-traitants. Arrivée à Marseille
pour déployer le réseau de MCI-WorldCom, dont elle est la filiale, MKI a fait travailler entre 100 et 150
personnes par mois réparties sur différentes entreprises régionales. Spécialisé dans le génie
électrique, le groupe Snef, né dans la cité phocéenne, en tire aussi profit. «Nous participons à la
réalisation de 80% du réseau alternatif», assure un
Lorsque l'ancienne manufecture des tabacs, cœur éco- nomique du
quartier de la Belle de Mai, à Marseille, ferme ses portes dans les années 80, un nouveau bastion
de l'industrie marseillaise s'effondre.
Ce sont les artistes qui, les premiers, s'attacheront à redonner
un peu de vie au lieu. Plus tard, intégrée in extrémis dans Euromé- diterranée, cette friche de 120 000
mètres carrés a entamé, depuis son acquisition en juin 1999 par l'Epaem, une profonde mutation.
Divisée en trois îlots, elle accueille, sur le premier, le Centre inter- régional de conservation et de
restauration du patri- moine, les archives munici- pales et les réserves des musées de Marseille.
Une pépinière d'entreprises et un incubateur du multimédia éducatif y résident provisoi- rement. Le
troisième îlot reste réservé au spectacle vivant et à la création contemporaine. 300 personnes y
travaillent actuellement sur ces deux sites. Le deuxième îlot de 26 000 mètres carrés, hébergera en 2002
un pôle dédié aux industries
audiovisuelles et multi- médias : plateaux de tournage, laboratoire de développement,
ateliers de costumes, studios d'enregistrement, maison de production, loueurs d'équipements…
Une consultation est en cours sur la France, l'Europe, le Maghreb et le Canada pour désigner le futur
exploitant de ces plateaux. La décision doit être prise avant l'été. Ces bâtiments récupèreront
également les sociétés de la pépinière, ainsi qu'une quinzaine d'entreprises de production de films ou de
contenus multimédias abritées en ce moment dans les locaux de l'ancienne maternité de la Belle de Mai
Cybercartes, Digicat, Docs Services, Perfect, PAD, Transfaire, 95° West…
Implantée à Montpellier (Herault), Ness fait partie de ces pionniers. La PME (25 millions de chiffre d'affaires
, 40 personnes) conçoit et réalise des complexes audiovisuels informatiques clés en main. Son P-DG, Philippe
Aresten, a choisi Marseille pour y dévelloper un département «marine», consacré à l'installation de
systèmes audiovisuels sur les bateaux de croisière.
Á terme, le pôle de la Belle de Mai devrait recenser un millier d'emplois
L'agence emploie six perso nnes, mais une dizaine de recrutements sont envisa gés d'ici à 2002. «
Pour une fois Marseille se dote d'une ambition internationale, il serait dommage de ne pas
s'y investir», confie le dirigeant. A terme le pôle de la Belle Mai devrait recenser un millier d'emplois.
L'investissement total avoisinera les 100 milloins de francs.
responsable, qui se refuse cependant à attribuer cet impact au projet Euroméditerrannée.
Pour lui, les opérateurs n'ont fait que profiter de la présence à proximité du projet de nœud de
raccordement international de France Télécom. Mais tous ont intégré Euroméditerrannée dans leur boucle locale.
«Un grand nombre d'entreprise utilisant les dernières technologies s'y trouvent. Pour espérer rentabiliser
le réseau, il nous fallait y être», commente Damien Neyret, responsable régional de Colt.
D'autres créations d'emplois dans les services
Les autres secteurs créateurs d'emploi depuis 1995 sur Euroméditerrannée concernent les services
aux entreprises (+494 emplois), les services publics et personnels (+726) et la construction (+265).
Il faudra bientôt y intégrer le transport maritime. la CMA-CGM,
premier armateur
français, a en effet entamé les travaux de son futur siége social. Le bâtiment de treize étages, opérationel en
juin 2002, nécessite un investissement de 160 millions de francs. La société devra rapatrier à Marseille
200 personnes, actuellement employés à Suresnes, dans la région parisienne, qui viendront s'ajouter aux
430 salariés de Marseille. «La perception de la ville a évolué positivement . Nous souhaitons convaincre
au moins 40% des gens de déménager ici», explique Christian Maurel, directeur des ressources humaines.
Avec des créations d'emploi liées au développement de la société, plus de 900 personnes, d'ici à deux ans,
devraient travailler à Marseille. La partie est cependant loin d'être gagnée : le taux de chômage
dépasse toujours les 15%. Euroméditerrannée, en cela ,contribue au moins à sa résorption que la zone franche.
Par ailleurs, la concurrence entre opérateurs pour conquérir un
marché qui n'apparaît pas indéfiniment extensible peut laisser présager que toutes les prévisions
de créations d'emplois ne se réaliserons pas. La conjoncture internationale actuelle pourrait même
conduire certains à retarder, voire annuler, leurs investissements colossaux. On peut s'inquiéter
enfin que l'état, par sa forte emprise sur l'orientation et le devenir du projet, soumette nombre
d'aménagement à sa bonne volonté budgétaire. Il n'empêche. S'il demeure difficile de croire que,
en 2010-2015, 20 000 emplois auront été créés sur le site, Euroméditerranée fournit à Marseille
la mutation économique qu'elle attendait depuis l'effondrement de ses grandes industries dans
les années 70.
De notre correspondant,
Jean-Christophe BARLA